| | Cest Boisguillaume, à la mairie dune façade plus coquette que celle de Dieppe. Le train continue toujours sa route, les curieux sont toujours nombreux sur le bord des portes et de la route, mais lenthousiasme paraît faire défaut, ils sont tous grelottants, car il fait froid. Les frondaisons - qui, il y a encore une quinzaine montraient de belles teintes or pâle et cuivre rouge - sont nues ; cest la neige qui couvre dun épais manteaux blanc les plaines et la route, et cest ce même tableau qui va se dérouler jusquà Saint-Saëns. Cela a son charme, mais porte à la mélancolie et on se laisse emporter par lexcellent train, lequel en route plate nous procure des vitesses de 14 à 15 kilomètres. On a le plaisir de rencontrer une vieille diligence - mettons omnibus, cest un peu moins vieillot - à la couleur jaune, aux listons rouges ; cest lomnibus de Quincampoix. Par condescendance probablement, il sarrête pour regarder passer le train que contemple le pauvre bidet, heureux de souffler un moment en pensant que si cest lavenir de la traction, cest peut-être aussi la fin de sa misère. Deux petits incidents : nous allons les mentionner. Les trois voitures de voyageurs étaient complétées par un fourgon à bagages très lourd et de plus
ferré à glace ; doù gêne pour la vitesse. On sarrête, on coupe la queue du Renard et on abandonne le fourgon sur le milieu dune route, dans une descente ; cest une voiture automobile qui est chargée de le remorquer au refuge. Mais hélas, trois fois hélas, la dernière voiture ne trouve point son compte à cette opération et, par moments, lorsque le train donne de la vitesse, la route nest pas assez large pour les fantaisies zigzagantes de la dernière voiture. La sensation est plutôt
ennuyeuse.
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